L'évolution de la génétique va-t-elle nous permettre de prédire l'heure de notre mort?
Les gènes ne peuvent pas prédire l'arrivée d'une maladie à coup sûr, sauf dans les quelques rares exceptions que sont les maladies génétiques classiques comme l'hémophilie. Dans tous les autres cas, ils définissent seulement la capacité de résistance d'un corps à son environnement.
Les gènes ne permettent pas de prédire qu'une personne développera à coup sûr une maladie mentale. Ils ne commandent pas le destin. Ils indiquent en revanche la capacité de résistance de cette personne aux agressions psychiatriques, psychologiques ou familiales. Il en va de même pour l'obésité, l'hypertension artérielle, de très nombreuses infections...
La génétique peut-elle prédire une sensibilité à un virus?
Oui. Elle arrive à isoler des personnes qui ont une résistance plus faible à des maladies virales, au virus du sida ou de la tuberculose. Sur ce point, nous sommes face à une révolution extrêmement importante : la capacité de résistance aux maladies infectieuses est un trait génétique. Cela a ouvert de nouvelles pistes pour lutter contre ces virus.
Un problème éthique se pose : y a-t-il un risque à trop bien connaître nos gènes?
La combinaison d'une généralisation de ces tests et d'une évolution que l'on perçoit dans le monde de l'assurance, de la banque ou du travail fait peser des risques considérables pour notre société. Les personnes qui auraient hérité d'un mauvais lot à la grande loterie de l'hérédité pourraient se voir infliger une double peine : une santé sans doute compromise, mais également une diminution de leur liberté à l'accès à l'embauche, au prêt bancaire ou à l'assurance en raison de leur faible résistance génétique. C'est inquiétant.
Faut-il renoncer à ces tests pour éviter cela?
La réponse n'est ni éthique ni scientifique. Elle est politique. A l'heure de la mondialisation, il sera toujours possible de trouver une assurance qui autorise les tests génétiques. Par conséquent tout dépend de la conscience de nos sociétés et de leur volonté de maintenir des systèmes solidaires.
Que faut-il attendre des thérapies géniques qui consistent à échanger des gènes altérés par d'autres viables?
Les thérapies géniques sont des thérapeutiques compliquées, longues à mettre en œuvre, difficiles à utiliser pour un très grand nombre de maladies.
Heureusement, les biotechnologies ne se limitent pas à la thérapie génique. Si on veut parler de thérapies révolutionnaires, on peut évoquer les ARN interférents (1) ou les thérapies ciblées (2).
Il ne faut pas espérer de miracle de la médecine génétique?
Les thérapies ciblées que j'évoquais sont des conséquences du miracle génétique ! En fait, sans la connaissance des gènes, la thérapeutique moderne telle qu'on la connaît n'existerait pas.
(1)AndrewZ. Fire et CraigC. Mello ont reçu le prix Nobel de médecine en2006 pour cette découverte. L'utilisation d'ARN interférents permettrait d'inhiber les expressions pathologiques de certains gènes, notamment pour le cancer.
(2)Il s'agit de thérapeutiques dirigées contre des cellules spécifiques, notamment les tumeurs cancéreuses.
http://www.lefigaro.fr/lefigaromagazine/2009/08/01/01006-20090801ARTFIG00053--les-gnes-ne-commandent-pas-le-destin-.php